Evènement en Bourgogne, la maison Joseph Drouhin vient d’annoncer l’acquisition de Château de Chasselas à Saint-Véran, en Saône-et-Loire ainsi que des vignes sur l’appelation Saint-Romain, en Côte-d’Or.
La Maison Joseph Drouhin, fondée à Beaune en 1880, est un négociant-producteur en Bourgogne. Elle possède des vignobles à Chablis, en Côte de Nuits, Côte de Beaune et Côte Chalonnaise et désormais dans le Maconnais, ainsi que dans la Willamette Valley en Oregon sur la cote ouest des Etats-Unis. C’est l’une des principales Maisons de vins au même titre que d’autres acteurs majeurs dans cette région comme la Maison Louis Latour ou la prestigieuse Maison Albert Bichot. Ce sont les arrière-petits-enfants de Joseph Drouhin qui dirige l’entreprise aujourd’hui.
Fort de ces deux nouvelles acquisitions, Drouhin couvre donc toute la Bourgognes sur près de 100 ha. Son vignoble se compose dorénavant de 60 appellations, dont 14 grands crus et 20 premiers crus.
Le communiqué de presse de l’acquisition par Drouhin de Château de Chasselas à Saint-Véran et de vignes à Saint-Romain, est un évènement exceptionnel. À l’origine de cette double opération, il y a un constat : «La Bourgogne est en tension car les rendements baissent. Il y a une vraie concurrence entre les différents acteurs du négoce pour sécuriser les approvisionnements en raisins ou en jus de raisin« , explique Frédéric Drouhin, président de la maison éponyme.
Les rendements chutent du fait des évènements climatiques. En effet, le gel et la grêle ont durement frappé le vignoble ces quinze dernières années. En parallèle la demande augmente puisque les vins de Bourgogne sont à la mode. Côte de Nuits et côte de Beaune font fantasmer le monde des amateurs de vins. En conséquences, les prix s’envolent pour atteindre des niveaux stratosphériques pour certains crus prestigieux.
Une situation qui peut inquiéter les producteurs : «Chez Joseph Drouhin, nous cherchons à garantir les approvisionnements et à stabiliser les prix. Nous nous sommes dit qu’il fallait renforcer le domaine. Mais certaines appellations, telle Musigny, sont inaccessibles quand on ne s’appelle pas Bill Gates. Nous nous sommes donc tournés vers des appellations plus abordables que nous connaissions et commercialisons déjà. Le hasard a voulu qu’un de nos fournisseurs de raisin vende sa propriété». La famille Drouhin a ainsi acquis des vignes à Saint-Romain, où le prix de l’hectare oscille entre 680 000 € et 700 000 €. Le domaine en question comprend 13 ha de vigne, dont 8,5 ha en Saint-Romain rouge et blanc, 1 ha en Auxey-Duresses et moins d’1 ha à Meursault et à Pommard.
Dans un contexte de réchauffement climatique, l’altitude élevée de ces vignes, qui sont situées entre 300 et 400 m, semble avoir été un argument important dans la décision d’acheter. «Le risque de gel tardif y est moins important. Et la géologie du site est fantastique avec un calcaire très dense», souligne Frédéric Drouhin dans son communiqué de presse. La famille compte bien convertir ce domaine en bio, comme c’est le cas pour l’ensemble de leurs vignes depuis les années 1980.
Dans le même temps, le domaine Joseph Drouhin vient aussi d’acquérir le château de Chasselas à Saint-Véran avec le partenaire Millésime Collection, qui a acheté la partie immobilière pour la convertir en hôtel. De son côté, Joseph Drouhin a repris le foncier viticole, c’est à dire 7,5 ha de chardonnay en AOC Saint-Véran, dont une parcelle candidate au classement en premier cru, et 0,5 ha de chasselas en vin de France. À Saint-Véran, le prix de l’hectare est évalué à 150 000 €. Drouhin s’appuiera sur l’équipe viticole en place. Les vins seront vinifiés dans la cuverie du château. Les vignes sont actuellement en conversion biologique. Cela s’inscrit dans la philosophie et les pratiques de Joseph Drouhin, en culture biologique depuis plus de 35 ans. «Nous connaissons bien les vins de Saint-Véran que nous avons commencé à commercialiser dans les années 1980», précise Frédéric Drouhin. La mise sur le marché du premier millésime de Saint-Véran Château de Chasselas Joseph Drouhin est prévue à l’été 2024.
L’investissement peut paraitre lourd à la lumière des prix à l’hectare mais s’explique par un marché du vin de Bourgogne à la limite de la spéculation. De plus, il est à noter que cette fois-ci le foncier reste dans l’escarcelle d’une entreprise historique locale et n’est pas repris par un investisseur étranger à la région, un investissement qui peut donc rassurer les acteurs locaux.
Article rédigé par McViti et partagé par email
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