C’est officiel et comme attendu toujours en ce début décembre (comme ici l’année dernière), le Château Mouton Rothschild dévoile sa nouvelle étiquette pour l’entrée sur le marché de son nouveau millésime. Pour l’heure, il s’agit de 2021 et met en avant un artiste contemporain et cette année c’est une artiste Japonaise qui vit en Allemagne que la famille Rothschild a choisi.
Il s’agit de Chiharu Shiota qui est née le 20 mai 1972 à Kishiwada. Elle vit et travaille à Berlin depuis 1996. Elle a étudié à l’université Seika de Kyoto de 1992 à 1996. Après un semestre d’échange à Canberra en 1993 à l’université nationale australienne, elle vient étudier à l’école des beaux-arts de Hambourg en Allemagne. De 1997 à 1999, elle étudie à la Haute École d’arts plastiques de Brunswick, puis à l’école des beaux-arts de Berlin. Insatisfaite de la condition de l’artiste au Japon, Shiota s’exile et s’installe à Berlin.
Son travail se caractérise par un mélange de performances artistiques (art performance) et d’installations spectaculaires pour lesquelles elle utilise en les accumulant de vieux objets comme des lits, des châssis de fenêtre, des chaussures ou encore des valises. Elle explore ainsi les relations entre passé et présent. À cela s’ajoute parfois une dimension onirique par le tissage de véritables toiles d’araignées complexes et impénétrables, généralement en cordelette noire, parfois aussi rouge. La simplicité des matériaux rend d’autant plus fort l’impact des œuvres. Ses principales influences sont Christian Boltanski, Annette Messager et William Kentridge. Une grande part est laissée à l’improvisation.
Pour le millésime 2021, les propriétaires du Château Mouton, Philippe Sereys de Rothschild, Camille Sereys de Rothschild et Julien de Beaumarchais de Rothschild ont donc sollicité Chiharu Shiota. Elle signe une aquarelle représentant une frêle silhouette tenant par quatre fils – représentant les quatre saisons et les émotions qui y sont liées – ce qui pourrait être des ballons de baudruche, ou plutôt des raisins coupés. Ou un ensemble de cellules observées au microscope. Le rouge domine l’œuvre, sanguin, translucide, comme le vin qui sort des cuves.
« Dans sa création, l’homme est une silhouette fragile face à une nature rutilante, généreuse, explique Chiharu Shiota. Il n’est pas au centre de l’attention. Il apparaît petit par rapport à l’environnement. C’est comme si cette silhouette s’accrochait à cet équilibre entre la nature et les hommes. Si elle les tient trop fort, les fils risqueraient de casser, mais si elle ne les tient pas assez fort, le nuage s’envolera et la connexion sera rompue». De son côté, Julien de Beaumarchais évoque «le réalisme métaphorique» de l’œuvre et parle «d’un vigneron tenant d’une main ferme une fabuleuse grappe».
Pour rappel, la folle histoire autour des étiquettes de Mouton a débuté en 1924, à l’occasion de la première mise en bouteille au Château. Une étiquette spécifique est réalisée pour l’évènement par l’affichiste Jean Carlu. Cette étiquette est, depuis 1994, sur les bouteilles du vin Petit Mouton.
Par la suite, c’est en 1945 que l’histoire, voire le rite, s’installe. Le baron Philippe de Rothschild décide, avec le succès des Alliés sur l’Allemagne mettant fin au second conflit mondial du XXème siècle, de le célébrer en illustrant l’étiquette de Mouton Rothschild d’un V de la Victoire. Elle est dessinée par Philippe Jullian. Depuis, chaque année, divers artistes réalisent les étiquettes du Château. Certaines ne manquent pas d’originalité et peuvent dérouter parfois les consommateurs traditionalistes. En revanche, elles font le bonheur des collectionneurs à travers le monde.
Pour rappel, les auteurs ne sont pas rémunérés pour leur œuvre. Ils reçoivent par contre des bouteilles de deux millésimes différents, dont celui qu’ils illustrent. Gageons, que celle-ci par son originalité fasse parler pas mal d’elle.
Article rédigé par McViti et partagé par email
Source des images: Château Mouton Rothschild
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